L’après-midi était déjà bien avancé lorsque Louisa franchit la porte du Hall d’entrée. Elle revenait tout juste des serres, où elle était allée soigner une plante. Ses parents lui ayant offert celle-ci lors de son quatorzième anniversaire, elle y tenait beaucoup, et allait s’occuper d’elle à ses temps perdus. Comme cet après-midi, par exemple… Et là, elle avait décidé de se rendre à la bibliothèque, afin d’y emprunter un livre pour l’aider dans ses cours de potions. Sa plus grosse lacune. C’était un après-midi dès plus normal… A part peut-être ce silence… Car étrangement, Lou’ n’avait vu personne dans le hall à son entrée. D’ordinaire on pouvait entendre des cris, ou des bruits de fond, de la vie, quoi. Mais aujourd’hui, il n’y avait absolument rien. A croire que tous les occupants du château avaient été enlevés, ou qu’ils avaient été mangés par les elfes présents dans les cuisines, ou… Un cri. Un cri roque, coléreux, rageur, résonna dans tout le hall, faisant presque trembler l’une des armure s’y trouvant, et tirant en même temps Lou’ de ses hypothèses loufoques. Telle une véritable fille, poussée par sa curiosité naturelle, Louisa se dirigea naturellement vers la source du bruit. Elle savait par avance qui elle allait trouver. Rusard. Il n’y avait que lui pour pousser de tels hurlements. Louisa en avait été témoin, lorsqu’il s’était un jour, mit disputer violemment les quatre maraudeurs. C’est donc sans surprise, qu’elle retrouva le concierge dans un couloir, à quelques pas du hall d’entrée.
Elle mit tout de même quelques secondes avant de le reconnaître. C’était Rusard… Mais ce n’était pas lui. Physiquement… Comment dire… Il avait changé. On ne peut pas dire que c’était un Dieu, d’ordinaire. Il ne ressemblait en rien à James Potter ou Sirius Black. Non. Il était laid. De l’intérieur comme de l’extérieur. Mais là. On ne peut pas vraiment dire qu’il était plus beau, non, mais dans un sens, on ne le voyait plus. Cela l’arrangeait. Le concierge, était en effet recouvert d’une épaisse chevelure de la tête aux pieds. Chose amusante, on ne voyait qu’un petit bout de nez qui, victorieux, pointait à travers l’épaisse chevelure. Pas besoin de préciser qu’ainsi revêtu, Rusard ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Inutile également de préciser, que Louisa se mordait l’intérieur des joues pour s’empêcher de s’esclaffer. C’est qu’elle se trouvait en tête-à-tête avec le concierge, la Poufsoufflienne. Allez savoir pourquoi, aucun élève n’était venu voir l’état du pauvre concierge. Son cri n’avait peut-être pas été assez puissant… Il est vrai qu’il est difficile de crier sans avaler un cheveu au passage… Quoiqu’il en soit, la jeune fille ne put malheureusement se contenir plus longtemps. Soit elle éclatait de rire, soit sa vessie éclatait. Elle opta pour la première solution et laissa son rire joyeux résonner longuement dans tout le couloir. Malheureusement, même si les oreilles du Bougre étaient poilues, désormais, elles fonctionnaient toujours autant. Il entendit plus qu’il ne vit qu’il n’était plus seul, et se tournant vers Louisa, s’exclama :
« Tu viens voir le résultat de ta farce ? Ah… Si les filles s’y mettent également. Je demanderais à Dumbledore de remettre en place les châtiments corporels pour les deux sexes, moi. » Il cracha un cheveu, et enchaîna : « Vous allez apprendre à vous tenir. En attendant, suivez-moi, on ira ensemble voir le professeur de votre maison, avant que je ne vous donne votre retenue. Vous êtes bien à Serdaigle ? »
Le Grand Merlin était bien parmi nous. Si si, j’vous jure. En une question il venait de remonter à bloc le moral de Louisa. Précisons que ce que notre bon vieux concierge avait prit pour l’écusson de Serdaigle, était simplement une petite fée bleue sagement assise sur un rocher. L’image du pull de Lou’, en fait. Bref, quoiqu’il en soit, en cette toute petite question, Lou’ comprit rapidement qu’elle pourrait éviter la retenue. Et elle mit immédiatement son plan à exécution. Sans perdre de temps, la jeune fille tourna en effet les talons, et s’enfuit en courant dans les couloirs. Tout aurait pu être parfait si un atroce miaulement ne s’était pas fait entendre juste derrière elle. Et voilà. Il avait déjà envoyé son fauve à ses trousses. Son horrible petite chatte toute laide. Brrr… Lou’ n’aurait pas eu autant de cœur, elle aurait sûrement fait valser l’animal d’un bon coup de pied. Mais voilà. Notre Poufsoufflienne aimait les animaux. Elle se contenta donc de courir un peu plus rapidement, et lorsque, finalement, elle aperçut la porte du placard, elle n’hésita pas, l’ouvrit et entra à l’intérieur.
Bien entendu ce n’était pas la cachette la plus confortable de tout Poudlard. Mais c’était au moins la plus sûre. Qui penserait à aller chercher une élève là-dedans ? Non, Rusard n’y penserait pas. C’est ce que ce disait Lou’ alors qu’elle s’installait sur le sol, adossé contre un mur. En attendant, elle se trouvait dans de beaux draps. Et tout cela à cause d’un élève, qui n’avait pas trouver bon de venir s’excuser auprès de Rusard. Bref, on peut comprendre la rage de la jeune fille qui s’acharnait à l’injurier à mi-voix, lorsqu’un bruit de pas se fit entendre. Louisa se tut immédiatement, et presqu’instinctivement, elle se recroquevilla vers le fond du placard. Malheureusement un balai se trouvait sur son passage. Celui-ci ne trouva pas mieux que de tomber sur un seau dans un grand fracas pour signaler sa présence. Lou’ se crispa. Le bruit de pas s’était arrêté, puis avait reprit pour se diriger vers le placard. La poufsoufflienne retint son souffle, s’apprêtant à être dévisagée par Les cheveux de Rusard.